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J'ai commencé à cuisiner peut-être au alentour dix ans. « Fabriquer » une sauce tomate ! Facile ! Toute la famille attendait dans le salon. Juste un peu trop d’huile d’olive ; tout le monde se régala. Finalement cuisiner n’intéresse pas vraiment les enfants.

Aussi loin que je me souvienne, en puisant dans mes souvenirs d’enfance, le partage de moments avec ma mère ou mon père dans notre cuisine, ce sont ces instants qui retenaient mon attention.

Ma mère préparant le repas, un geste rapide et sûr pour débiter des frites, par exemple, pour six me stupéfiait, elle se débarrassait de cette corvée de cette « servitude » par la vitesse d’exécution, je lui tenais compagnie.

Servitude, puisque lors nos vacances, personne ne devait cuisiner y comprit ma mère, règle impérative à des parenthèses réussies passées bien au sud, aux portes de l’Europe, aux portes de l’Afrique.

Avec des idées bien arrêtées sur la cuisine, sur la cuisson des pâtes, fabriquer des lasagnes ou des raviolis avec mon père reste des moments magiques, la préparation s’étendait tard dans la nuit, à laminer la pâte à lasagne, mélange de farine d’œufs, d’épinards et de sel, avec la machine acheter spécialement en Italie. La sauce qui frémit avec ses odeurs qui s’impriment dans la mémoire.

Le repas du lendemain ensemble avec toute la famille, et du surlendemain avec les lasagnes réchauffées et la pâte qui croustille plus que la veille.

Cuisiner un couscous avec ma mère ou l’agneau et le bœuf ruisselle dans la cocotte pour préparer la sauce. Je ne peux pas me départir de ce morceau de beurre jeté dans la cocotte après avoir rôti la viande.

Beurre : parfumé au suc d’agneau et de bœuf, qui servira à rouler la semoule, elle ne le fera qu’une fois, je n’ai jamais mangé meilleur couscous. J’ai encore les images et les gestes en tête, ce souvenir persiste et reste unique avec tout ce qu’il engendre.

Cuisiner des moments uniques, des plats que l’on prépare selon l’inspiration, inspiration qui s’évanouit, juste par oubli de n’avoir pas noté la recette. Seul le souvenir persiste.

Recettes composées avec les produits qui dorment dans le réfrigérateur et placards, elles aussi impossibles à reproduire.

Suivre une recette à la lettre de pâtes à la crème d’avocat… la tête de mon père, la complicité avec ma mère.

Le souvenir des courses, choisir les produits, en regardant toujours le prix au kilo ! Faire attention à la dépense, non ! jamais, manger est un plaisir indispensable on ne regarde pas à la dépense.

L’entrecôte partagée, le midi, avec ma mère, des souvenirs, la liste est longue, très longue, des instants…

Un jour il a été décrété que je cuisinais bien.

Personne, finalement, ne savait pourquoi y compris moi !

Le plaisir de reproduire des gestes, de se remémorer des moments d’en créer de nouveaux.

Le plaisir d’être ensemble, le plaisir de partager, le plaisir de manger.

Un jour deux jeunes filles m’ont dit « fais un blog ». Il y a longtemps.

Cela m’a étonné, puis longtemps après…